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 Marcus Volturi

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MessageSujet: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 10:24


Marcus Volturi







Volturi - Vampire
3000 ans
-1000 av. J-C.
Ben Barnes (négocié ;D)
Hétérosexuel



Physique

Je ne connais rien de plus malaisé que d'avoir à décrire la Perfection-même, pourtant, il va falloir le faire...

Tu es beau – c'est un fait. Inéluctablement.
Peut-on définir cela comme de la beauté ? Je ne crois pas, non – le mot est trop faible. Tu as un visage harmonieux, gracieux, clos et blême, comme une porte fermée dont la peinture s'écaille. Tu donnes cette éternelle impression d'ange déchu.

Tu as des cheveux bruns, si ce n'est pas d'un sombre châtain, avec ses reflets or et de couleurs crépusculaires. Acajou. Des mèches sombres bigarrent ton large front marmoréen. Tes sourcils sont fins, arqués dans une position inquiète et suppliante, comme si tout n'était que calvaire sans fin. Avant, ils se dressaient, oui, avec candeur, et leur position donnait à ton visage toute sa superbe, ce géniteur qu'est la joie de vivre – reflet de l'insouciance.

Tu as des yeux tristes et profonds. D'un rouge sombre, voire bordeaux, comme la liqueur – couleur qui aurait pu être d'une infinie tendresse si elle n'avait pas été aussi effrayante. Tes iris contrastent fortement avec l'expression et l'intensité de ton regard. Perdu dans la vague de tes souvenirs, triste. Tes prunelles brillent d'une étrange lueur – des larmes au yeux. C'est bien, c'est sombre ; c'est doux. Avant, tu utilisais tes yeux pour contempler l'aimée de ton soûl, et maintenant qu'elle est morte... Maintenant, ils ne te servent plus à rien. Ils semblent avoir mille ans d'âge et de paysages, et ont sans cesse l'air de poser une question qui revient éternellement, comme un disque rayé, et à laquelle tu ne trouveras jamais la réponse. On voit que tu penses, et que c'est douloureux. Comme tu sembles malheureux.

Des cernes couleur colchique, noirs, bleus, abondent sous tes yeux comme deux hématomes éternels – ils creusent ton visage d'une fatigue létale et inimaginable.

Pommettes hautes. Un nez fort et busqué, voire aquilin, mais il te va bien, et se confond entre les lignes de ton visage sans choquer. Tes lèvres sont charnues et pâles. Rose carmin. Une bouche neutre, un fil droit et tendu. Tu ne souris jamais – plus. Lèvres boudeuses, rêveuses. Tu n'as plus envie de rien, tu es malheureux, et les rides convexes aux commissures dénotent fortement – vestige du bonheur, rogure d'un homme qui a ri et souri un jour, qui a distribué sa joie de vivre sans compter.

Que dire du reste de ton visage ?
Une charmante fossette se creuse sur ton menton, et tu clignes de l'œil droit qu'un subtile grain de beauté vient agrémenter avec pudeur et charme. Les contours du visage sont bruts, je le reconnais, et aucune équivoque n'est possible : le tout est trop viril – ton visage fort, en amande. Magnifique.

La suite ?
Tu es grand et bien bâti. Ta silhouette est athlétique, tes épaules hautes et carrées. Tes muscles saillent à travers le t-shirt, proéminents – on se souvient qu'il fut un temps où tu prenais excessivement soin de toi, que tu t'adulais, narcissique.

Ta peau est violemment blafarde, comme aucune peau ne l'a jamais été, comme si tu n'avais jamais vu la lumière du jour, comme si tu menaçais de te briser au moindre choc – miroir tout en fragilité, plat, poupée de porcelaine, teint diaphane de ceux qui se fardent à en avaler trop, jusqu'à obtenir une peau marmoréenne ; jusqu'à faire disparaître ses traits sous une couleur qui reflète un souvenir de soi-même.

À présent, tout a changé.
Tu es maintenant cet homme qu'on voit en noir et blanc sur les photos, jamais de face, jamais de profil, toujours de dos sur les bande-films. Silhouette au pied du mur, écorchée, visage étain, comme issu d'une photo en noir et blanc, d'un ange hanté, tête basse, épaules voûtées, dos affaissé ; tu contemples le ciel d'un air absent, ce sourire, ce rictus singulier glacé sur tes lèvres – tu sembles sourire à tes propres rêves. Sans visage. On te reconnaîtrait entre mille.

Que tu es beau.



Caractère
L'être humain est une chose bien étrange, en vérité. Il a ses vices et ses vertus, ses défauts et ses qualités ; ses débauches comme ses apogées. Alors que dire d'un être qui n'est pas humain ? un vampire, pourquoi pas. Il est 100 fois pire. Toi, c'est différent. Tu n'éprouves plus rien, sinon de la tristesse. Tu ne ressens plus rien, sinon la douleur. Tu n'est plus qu'une coquille vide. Tu es mort. Il fut un temps où tu étais parfait, oui. Avant que Didyme n'apparaisse dans ta vie, et pendant l'amour mitoyen que vous viviez tous les deux, tu n'aurais pu être plus parfait encore. Tu avais alors atteint un niveau d'excellence inégalable. À ce moment-là, tu étais radieux.

Un essaim de contradictions et d'imprévisions, peut-être, immuables et inconstantes. Toi, tu paraissais si frêle et si chétif, mais il n'en était rien. Tu mordais jusqu'au sang, jusqu'à te nourrir vicieusement de la douleur, et tu brisais la moindre particule du squelette. Marcus, ce nom si court, si rond, aux accents qui sifflent comme un serpent, synonyme de dynamisme et d'entêtement. Tu étais quelqu'un qui suivait sa route en fonction de chacune de ses impulsions, frétille et prospère ; quelqu'un qui en voulait et ne renoncerait jamais ; quelqu'un qui n'aimait pas avoir tort et préférait grandir et s'affirmer sans se faire de cadeau. Que tu étais fier.

La frivolité, chez toi était pire qu'un défaut – une maladie pernicieuse, à l'instar d'une fièvre, d'un prurit irréfrénable ; une chose qui te boufferait en partant du plus profond de toi-même si tu ne faisais pas attention. Tu étais toujours gai, toujours souriant. Tu riais de tout. Avec toi on aurait dit que la vie n'était qu'une pièce de théâtre. Ah. C'est drôle. Car oui, la vie est une pièce de théâtre : ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, c'est qu'elle soit bien jouée*. Mais tu faisais le contraire. Ta vie est longue, si longue, que cette éternité en devient ennuyeuse, surtout à la fin*. La joues-tu bien, cette éternité ? Oui : avant, tu l'enjolivais, tu la faisais danser – elle prenait des airs de courtisane. Tout était poésie, dans ta vie. Tout était beau, tout était bien. Blanc. Et puis, maintenant, tu prends la vie comme une sale fille de joie, et tu en abuses, vous êtes trois sur une même pute, pourquoi pas.

Tu étais sûr de toi, même trop ; tu n'aimais pas perdre. Tu étais rongé par l'orgueil, démon intérieur qui te poussait à ne pas supporter l'idée de ne pas être premier. Tu as toujours été premier. Premier dans tout. Dans le cœur des femmes, dans le succès, dans les travées ; le premier rôle. Jamais second. Ou si tu as déjà été second, tu t'es rattrapé le fois suivante pour être premier afin de soigner ton orgueil, démon intérieur, démon insatiable, qui en veut toujours plus, au point d'être jaloux de toi-même et de t'en demander plus que tu n'en étais capable. Pire que toi. Ce n'était pas toi. On dirait que tu as faim.

Compréhensif et laxiste : c'était ce qu'il y avait de plus vrai chez toi, car à présent tu es faux. On t'appréciait pour ces qualités innées chez toi, ton charisme naturel et toute la bonté qui se dégageait de tout ton être ; surtout toute cette humilité que tu t'appliquais à faire plier. Tu étais bon public, on te sollicitait pour applaudir. Tu aimais ; peut-être même trop. À la manière de ton orgueil ou de ta frivolité, cet amour, qui semblait n'être qu'une qualité, était sans doute trop vivant chez toi pour te garantir bonheur et prospérité. Tout chez toi doit être mort, tu dois être mort. Tu es mort. Disparu. Avalé, déchiqueté par ton éternité. Lunatique, tu étais comme la météo, imprévisible, trop changeant ; parfois trop décevant, souvent d'un rayonnement extatique et doux. On t'aimait, car tu apportais le bonheur partout où tu allais. Tu étais alors capable d'embellir la chose la plus laide du monde. Ton parfum de soleil. Magnifique. Tu donnais son éclat à l'or. Tu divertissais, tu jouais avec le vent ; on te demandait pour oublier les tracas.

Défauts édulcorés, ton caractère était un fidèle ersatz de l'aménité à l'apogée. Ce qui pouvait te faire le plus de mal aurait sans doute été de voir tes proches souffrir – leur faire de la peine toi-même ? ça t'aurait tué. Mais tu étais déjà mort. La confiance, chez toi, c'était dans les gènes, pourtant, tu n'aurais dû plus te fier qu'à toi-même : lorsque tu accordais ta confiance, tu étais profondément déçu par les événements, inconstants et incongrus. Bien fait. Tu l'avais cherché. Mais c'est comme ça, ce sentiment te venait naturellement, à la manière d'un réflexe ; c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Tu es bête. Petit vampire. Tu n'aurais pas dû. Reviens, reviens sur Terre, et bouffe le sol comme tu aurais dû le faire. Pas de confiance. Personne ne te relève. Mais voilà, te relever, tu le faisais toi-même, et tu t'étonnais improprement.

Tu étais quelqu'un de très admirateur, qui aimait féliciter plus que de raison. Le moindre geste de gentillesse, même infinitésimal, tu le percevais, et le percevais bien, comme ces liens que tu arrives à deviner chez tes frères. Rêveur, tu aimais à t'abandonner dans tes mondes intimes. Peut-être est-ce pour cela que tu aurais donné ta vie à ce que tu as de plus utopique : faseyer, planer, créer, t'oublier, te retirer, loin, si loin, léger, éthéré, farouche, comme le vent, comme l'éternité qui te coule entre les doigts et dans le creux de ton cou, aux phalanges de la torture – l'archétype de l'enfant qui rejette le calme et l'ordre et refuse de grandir.

Tu attaquais la vie à pleines dents, comme une pomme interdite. Fais attention. Adam était aussi con que toi, et Ève te suivra. Le serpent sifflait depuis trop longtemps entre les arbres. Et toi, tu mordais, tu mordais la vie, tu la bouffais, tu la rongeais, tu t'en délectais, tu t'humectais les babines, ta bouche écumait de bave et de jus. Sang. Rouge. Sale vampire. C'est la vie, pas le paradis.

Oui, mais penses-tu que tu étais aussi heureux que tu ne le laissais paraître ? Ce sourire était-il vraiment franc et honnête ?
N'était-ce pas plutôt un masque de scène enfilé pour jouer un nô irrévérencieux et blessant ? Cette carapace que tu t'étais forgée de douceurs, de peinture jaspée, de musique et d'amour, n'était-elle pas plutôt éphémère, tel un papillon, que tu écrases la nuit contre le mur, comme un moustique ?

Comme du maquillage qui coule, coule, s'efface lentement, se déforme avec la pluie...?
Sûrement pas. C'est seulement maintenant que la vie s'arrête. À présent, tu es brisé ; tu te déchires de l'intérieur depuis 3000 ans. Pourtant, tu aimerais bien, oui, retrouver les morceaux de ton cœur grossièrement rafistolé à coups de Scotch, et les réunir de nouveau, pour y trouver une entente, comme les cinq doigts de la main. Et que le beau temps vienne après l'orage. Tu te rappelles, car tu ne sais qu'une prière.

À la réalité, cela fait longtemps que tu as appris à enterrer ton cœur.
La peinture s'écaille. Tu ne peux pendant très longtemps te montrer un visage à toi-même et en présenter un autre au reste du monde sans finir par t'y perdre et te demander lequel des deux est le vrai. C'est malheureux, chez toi. Comme si tu savais. Comme si ça t'intéressait. Sale vampire.

Tout te passe au-dessus de la tête. Ce qui arrive est grave, mais c'est rien, pour toi, tu t'en fous, et tu continues de piétiner le sol en attendant que tes frères aient fini leurs basses besognes. Par-dessus tout, tu détestes qu'Aro te touche. Tu connais son pouvoir, ses limites, et tu restes intelligent même si tu es devenu un mort-vivant apathique – oui ou non ? Alors tu ruses. Tes pensées sont comme un flot de larmes ; impossible à contenir. Elles grouillent, fusent dans tous les sens, depuis tous les coins, et dévorent le moindre espace de vide qui subsiste dans ta tête. Tu as l'impression qu'un million de Marcus réfléchissent pour toi, à l'intérieur de toi. C'est insupportable. Tu ne peux t'arrêter de penser. Et tes souvenirs, tes idées, tes songes grouillent, pullulent, et te dévorent la chair. Et si pour toi c'est insupportable, qu'en est-il d'Aro ? Peut-il supporter un tel essaim, un tel ras-de-marée de pensées plus de quelques secondes ? La réponse est non : Aro pénètre ton esprit, et à chaque fois, c'est une torture, pour lui ; tu lui procures des maux de tête atroces. Alors il ne s'étend pas bien loin, et va prendre seulement l'information essentielle. Bien joué, sale bestiole.

Les Volturi te révulsent, mais tu n'oses pas exprimer cette pensée, encore moins la remuer dans les tréfonds de tes méninges. Pire que tout, tu aimerais les détester, les haïr pour leur traîtrise, mais tu n'y arrives pas. C'est comme ça. Comme si tu ne contrôlais plus les liens qui t'unissent aux Volturi. Chelsea. Tu l'auras, un jour, cette rouée, et alors, elle n'aura plus assez de ses deux yeux pour pleurer tandis que tu danseras sur son cadavre.

Tu aimerais exprimer ta rage, mais tu ne peux pas : souviens-toi de ce jour où tu es mort. Plus rien ne t'importe, désormais. Ton cadavre se promène seul ; toi tu t'es perdu en chemin. Tu n'es plus rien, tu n'existes plus. Tu es mort.

« 3000. Quel chiffe propre et rond, comme tu l'exècres*. Il ne te rappelle rien, sinon de mauvais souvenirs que tu cherches depuis si longtemps à inhumer. 3000, pour toi, c'est le nombre du malheur, le chiffre du Diable. Tout ce qu'il y a de plus mauvais et d'indécent se rapporte à 3000, surtout le désespoir glacé, sépulcral, qui filtre des éclairages indirects*. Il y a 3000 ans, c'est le jour où tout a perdu de son éclat, où le soleil s'est éteint, où l'insouciance t'a tourné le dos.

[center]Le jour où tu es mort.
»

Et puis il y a elle. C'est comme si elle portait le seul amour, qui saurait te guider pour faire enfin d'elle la femme que tu attendais, celle qui révèlerait cet homme qui vit si fort en toi*.

Tu n'es plus rien. Tu as tout perdu. Elle n'est plus là, alors il n'y a plus rien, car elle était tout pour toi. Elle était la rosée du matin, la foudre et le ciel ; le vent, les mélodies qui berçaient le temps, les doigts doux et fins avec lesquels ont été cousus tes rêves. Elle était celle qui donnait un sens à ta vie, et à l'éternité. Elle était ta vie, et plus que ta moitié, tes trois quarts.

Elle était belle. Belle comment ? Tu ne te souviens pas, tu sais juste qu'elle était belle comme tout. Elle donnait son éclat à l'or. Même le soleil pâlissait, quand elle était là. Elle était ton astre – elle illuminait tes journées, elle illuminait ta vie. Elle donnait sa saveur à la moindre particule qui faisait ton bonheur. Et ton bonheur, que vaut-il si elle n'est pas là ? Il devient insipide – il ne veut plus rien dire. Il n'a plus d'intérêt, il n'existe plus. Parti. Disparu, envolé, haché avec elle. Et quand elle est morte, tu es mort avec elle.

Il y a une douleur ; tu lui en veux de t'avoir rendu heureux. Si elle n'avait pas existé, tu aurais été triste toute ta vie, et tu n'aurais pas senti la différence – jamais. Mais voilà, tu as eu la malchance, non pas d'être malheureux, mais de devenir malheureux. Parce qu'elle était un tout, et toi tu n'étais rien ; tu ne seras jamais rien que du rien. Vide. Comme la pièce. Parce qu'elle n'existe plus. Pourtant, tu sais qu'elle vit toujours. Elle vit à travers le temps, à travers tes larmes, dans tes mémoires ; elle vit en toi. Elle est présente dans ta tristesse, ta douleur, elle demeure dans tes rêves éveillés, ta léthargie éternelle. Elle est ton apathie-même, elle reste le signet qui marque le jour où tu es mort.

Un simulacre de sourire. Et tu continues de l'aimer sans équivoque.
À cet instant, tu cesses de croire en Dieu.

Tu ne veux pas oublier. Le jour où elle est morte, assassinée, tu n'as pas voulu fermer les paupières. Tu voulais que le souvenir s'incruste par la cornée de tes yeux érubescents, s'imprime sur ta peau, se grave à jamais dans l'os, à la ceinture scapulaire, souvenir qu'on pourra voir une fois ton enveloppe charnelle morte ; morte et enterrée. Mais voilà, tu es déjà mort. Elle t'a tué. Et elle n'a pas eu le temps de t'enterrer.

Toi, tu aurais voulu qu'elle te prenne par la main, et mourir avec elle, car l'éternité c'est long, surtout à la fin*, surtout sans elle. Et cette éternité, tu la lui voues, comme tu le lui as promis.

Et tu te feins au jeu, inhumain de l'être*.
Parla più piano, tu sei alcheni per sempre.




Histoire
« Je te croyais lumineuse, éternelle et céleste.
J'avais tort. »

Qui sommes-nous, sinon les histoires qu'on transmet ? Que reste-t-il de nous, si personne ne transmet nos propres mémoires ? Qui saura que nous avons existé ? Que restera-t-il de nous ? Rien, sinon ces émailles du passé se confondant aisément dans la foule, comme la pièce manquante qui prendrait sa place dans le puzzle – tac !
Nous n'existons plus, pour personne ; nous ne sommes plus rien, même pour nous-mêmes. Et nous vivons, avec la certitude de mourir un jour, sans se soucier de transmettre chacun notre histoire – qui sommes-nous pour prétendre que notre souvenir vivra éternellement, que nous aurons existé pour quelqu'un, et que cette existence perdurera toujours ?
Si nous ne sommes personne aux yeux du monde, nous sommes le monde aux yeux de quelqu'un.

Si seulement elle n'avait pas été le monde à tes yeux, si seulement son souvenir ne devrait pas perdurer éternellement parce que tu te rappelles, et que tu es immortel. Hein ? Hein, Marcus ?

« Riposate in pace pinseremu sempre a voi. »

As-tu perdu la raison ? Qui es-tu, sinon ce souvenir pour lequel tu vis ?

C'était une triste après-midi de janvier, comme tu l'exècres. À quoi ressemblaient les hommes, en ces temps-là ? Comment était le monde, il y a plus de 3000 ans de cela ? Voilà qui pourrait servir, oui, mais tu ne te souviens pas. Tout est blanc, tout est vide. Comme la neige. Tu te rappelles seulement du froid vif et vicieux qui mordait tes phalanges, les flocons immaculés qui venaient fondre sur ta peau brûlante.

Ta peau... Comme elle était chaude, alors. Comme c'était agréable. Tu vivais, et les battements de ton cœur alimentaient la chaleur qui se diffusait doucement dans la moindre particule de ton corps.
Tu te souviens, des cris, du sang chaud coulant le long de ton bras comme des larmes, les fleuves des Enfers – Styx, Achéron, Cocyte, Phlégéthon, Léthé. Tu te souviens des coulées de sueur roulant dans ton dos, des tremblements violents qui agitaient tout ton corps. Comme tu te souviens bien. Tu avais l'impression d'avoir la fièvre.

Puis tu t'es mis à brûler – tu t'es mis à mourir.

Qui étais-tu alors ? Quelle vie menais-tu ? Étais-tu marié, riche ou adoré ? Tu ne te souviens plus ; tu arrives seulement à te rappeler de la douleur cuisante, lancinante, qui vrillait ton être tout entier. Tu te consumais lentement dans le feu de ton âme – cet enfer. Tout ton corps était en suspension – tu brûlais dans les relents de ta fièvre, cette horreur.
Puis – tout est devenu noir, mort, brûlant. Triste. Enfer. Nuit.
Souviens-toi, Marcus. C'était ta renaissance.
Pourtant tu croyais mourir.
_____________

Marcus, mon cher ami... T'ai-je déjà exposé mes plans ?
Tu fais la moue.
La majeur partie. Mais ça ne m'intéresse pas d'en savoir plus, Aro. J'ai compris ce que tu voulais, et je ne crois pas pouvoir t'aider en quoi que ce soit.
Il semble offusqué. Puis il rit.
Mais Marcus, mon ami, tu possèdes un don des plus intéressants, et très stratégique. Cela pourrait servir pour pointer du doigt le chef d'un clan, par exemple, ou lequel est indispensable au groupe, à qui tient tel ou tel membre du clan... Tu vois, tu es tellement important !
Il semble si enthousiaste. Il trépigne sur place comme un gamin incapable de se contenir. Tu n'oses pas le contredire.
Prépare tout ce que tu veux seul, répliques-tu, et sonne-moi si tu as besoin de mon aide. Le reste... Ce qui ne me concerne pas ne m'intéresse pas.
Tu te recouches sur le ventre, à même la pierre brûlante, sur le parvis. Le soleil te vrille le dos. Une main glaciale comme la neige vient secouer doucement ton épaule.
Marcus... tu es comme un frère, pour moi, et tu sais bien que je ne peux pas tout faire tout seul.
Tu lèves la tête et croises son regard suppliant. Il essaie de t'attendrir.
Promets-moi. Promets-moi qu'une fois mon entreprise en marche et à peu près stable, tu m'aideras à la diriger. Seul, je n'arriverai à rien.
Il réfléchit et reprend :
J'ai besoin de ton charisme, de ta force de persuasion et ta bonne humeur. Je sais que tout le monde t'adore, ici. Le peu de membres de notre race qui me suit... Ils te considèrent tous comme un ami, et ils te parlent, à toi.
Tu réfléchis longuement. N'es-tu pas en train de décider du sort d'une grande partie de ton immortalité ? Tu regardes Aro. Alors tu te dis que c'est sûrement vrai, qu'il est le seul frère que tu auras jamais, et qu'as-tu à perdre, après tout ? Tu lui fais confiance. Tu hoches de la tête avec circonspection avant de te remettre face contre terre.
_______________

Voilà 4 ans que je suis devenu ce que je suis à présent, Marcus. Et que suis-je devenu ? Comment peut-on appeler ça ?
Il rit et cueille une guigne pourpre.
Je ne sais pas, et c'est sûrement mieux ainsi. Laissons au peuple le plaisir de nommer notre... race.
Tu frissonnes. Tu n'aimes pas ce mot... race. À la réalité, tu n'aimes pas non plus ce que tu es devenu. Buveur de sang.
Aro a perçu tes réticences et pose sa main sur ton épaule. Tu as un mouvement de recul et une moue de dégoût. Il retire sa main, te regarde et te gratifie d'un petit sourire dénué de sens.

Tu n'aimes pas qu'il te touche. Tu sais pourquoi il fait ça. Tu sais de quoi il est capable. Et tu n'aimes pas avoir l'impression qu'il pénètre ton esprit, et saisit la moindre de tes pensées au vol.
Vous vous toisez un instant sans expression aucune, puis un sourire crispé vient flotter sur les lèvres d'Aro. Son air laisse à penser qu'il t'en veut un peu.
C'est parce que tu ne veux pas que je sache que tu pelotes ma sœur dans mon dos, que tu me rejettes ainsi ?
Tu te retrouves un instant décontenancé ; puis tu éclates de rire, un rire joyeux, fort, homérique, olympien*, qui te caractérise tant.
Allons, Aro ! t'écries-tu, révulsé. Je ne pelote pas ta sœur dans ton dos, voyons !
Il fait la moue. Ses yeux sont rieurs, pétillants ; pleins de gaité. C'est un jeu, pour lui. Il est d'une curiosité maladive, et tu viens d'aviver son envie de découvrir ce que tu lui caches.
Pourtant, tu as l'air fort intéressé par ses adorables formes ! te reproche-t-il.
Un grand sourire vient éclairer ton beau visage.
Intéressé, sûrement, mais juré je ne touche pas ! Aro, elle ne me connaît même pas.
Elle sait combien je te suis attaché.
Sait-elle ce que nous sommes ?
Aro se détourne. S'assombrit.
Non. Mais ce ne saurait tarder.
Tu te rapproches, intrigué.
Je projette de la transformer.
Tu sursautes violemment.
Pourquoi ? demandes-tu d'un ton plus brusque que tu ne l'aurais voulu.
Au tour d'Aro de sursauter.
Eh bien... Puisque j'ai acquis un don des plus... serviables en me transformant, pourquoi pas ma sœur ?
Et si ce n'était pas le cas ? objectes-tu. Si ça... ratait ?
Tant pis, soupire-t-il. Cela me fera au moins un "partisan" de plus pour se rallier à ma cause.
Il se remet en marche. Tu restes interloqué. Tu te laisses distancer.
C'est un jeu dangereux auquel tu joues, Aro.
Il te tourne le dos. Tu l'entends rire avec gaité. Alors, tu souris à ton tour et le rattrapes.
Comment s'appelle-t-elle, déjà ? demandes-tu.
Il hésite un instant avant de te répondre d'un ton empli de tendresse fraternelle sans équivoque :
Didyme.
___________________

SUITE POSTE D'EN-DESSOUS !
Vous


Prénom : Chacha
Age : À quoi bon ? ça change tous les ans, vous savez.
Impression : Je suis groupie de votre forum *_*
Comment avez-vous trouvez le forum? Grâce à Edward !
Une petit mot?
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Code:
Spoiler:




Dernière édition par Marcus Volturi le Sam 11 Sep - 11:46, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 10:25

Pardon d'avoir détruit vos codes mais il le fallait ^^"



SUITE DE L'HISTOIRE
Le soleil est à son zénith, pourtant, c'est à peine si tu le remarques. Tu es dans le patio, et tu t'occupes comme tu peux : tu discutes avec untel ou un autre, tu batifoles de femme en femme, tu t'assieds parfois offrant ton visage divin au soleil, tu batifoles de femme en femme, tu t'allonges à même le sol, tu batifoles de femme en femme. Tu joues avec le bonheur comme un enfant avec un hochet, et tu ne réfléchis pas combien c'est rare et précieux ce que tu tiens dans tes mains*. Tu t'occupes surtout des femmes, en vérité. Tu es fier, tu es jeune et beau, et tu crois déjà que tu vivras ainsi toute ton immortalité. Ce qui ne te fâcherait pas outre mesure, en vérité ; ta situation te convient parfaitement.

Tu es fier, jeune et beau, et tu cries la joie étale qui inonde ton cœur*, une euphorie constante au bord des lèvres.
Mais alors que tu courtises une jeune et farouche sylphide, déployant tous les moyens dont tu disposes – ton charisme naturel, surtout – pour la distraire, la faire rire et lui plaire, tu es arrêté dans ton élan par une voix familière qui crie désespérément ton nom.
Marcus !
Tu ne te retournes pas : tu as déjà saisi le bras marmoréen de ta sylphide qui glousse gaiment et le couvres de baises. L'opportunité est trop belle ; tu la saisis.
Marcus, voilà bien une demi-heure que je te cherche !
Une main te saisit par les épaules et te détourne violemment de l'objet de tes convoitises. Tu sursautes.
Aro !
Marcus, j'ai besoin de toi.
Son ton est désespéré. Il lève vers toi des yeux hallucinés.
Didyme. Je l'ai transformée, mais je ne peux supporter ce spectacle plus longtemps. Je n'en peux plus de la voir souffrir. Je t'en prie, mon ami, veille sur elle à ma place.
De... quoi ?

Ton esprit est encore nébuleux du parfum hallucinogène de ta nymphe qui vient de prendre la fuite en riant joyeusement. Tu plisses les yeux, pas certain d'être réveillé. Aro te secoue comme une poupée de chiffon.
Marcus, cesse de tout prendre à la légère ! s'écrie-t-il, excédé. Pour une fois que je te demande ton aide ! Coureur de jupons.
Tu lâches un grognement d'indignation. Il rit, et s'arrête soudain, se rappelant l'urgence du moment.
Marcus, reprend-t-il en plissant le nez, détachant chaque syllabe. Aide-moi, s'il te plaît. Veille sur elle, juste le temps qu'elle se transforme. Moi j'ai besoin de respirer un autre air.
Tu hésites un instant.
N'oublie pas, mon frère. Tu as une dette envers moi. Je t'ai recueilli alors que tu agonisais dans la neige – tu te souviens ?
C'est l'argument décisif. Ni une ni deux, tu te diriges vers les appartements d'Aro.
_______________

Dans la chambre, il fait sombre. Très sombre. Une odeur de mort et d'eau croupie a envahi l'atmosphère. L'air est humide, lourd et saturé. La chaleur est cuisante. Étouffante. Tu n'en peux déjà plus. Tu comprends, à présent, pourquoi Aro a déserté l'endroit. Tout ici semble être entré en putréfaction. Tu lâches un grognement en songeant que cette saleté d'Aro t'a menti, et qu'il voulait juste refiler la charge à quelqu'un d'autre ; que quelque personne respire les relents de mort qui se sont éparpillés dans la pièce à sa place.

Tu restes devant la porte close derrière toi. Tu n'oses t'avancer davantage, de peur d'entrer violemment en collision avec les horreurs que couve cette chambre sépulcrale – triste cénotaphe. Tout est silence ; tu es entré sans faire le moindre bruit, tellement doucement que même les trois silhouettes qui se tiennent devant le grand lit, au milieu de la pièce, ne t'ont pas remarqué. Enfin, la seule femme du trio lève la tête. Elle a le visage creusé des endeuillés, et l'expression consternée des accoucheuses.
Ah, enfin, te voilà ! s'écrie-t-elle, comme si elle t'attendait depuis des siècles.
Elle se presse pour venir t'accueillir comme il se doit, avec la révérence qu'on utilise pour s'apprêter à faire ses condoléances.
Tu la reconnais : Heidi. Tu as fait l'erreur de te jeter sur elle dès son arrivée dans la "petite entreprise" d'Aro sans savoir que c'était une traînée. Elle te considérait à présent avec la déférence d'une maîtresse devenue ta confidente, impudique.
Tu as pris ton temps, dis-moi ! te reproche-t-elle gentiment. Nous t'attendions impatiemment. J'ai besoin de prendre l'air, je n'en peux plus de l'entendre hurler à réveiller les morts.
Et elle sort de la pièce sans saluer personne, prouvant ainsi qu'elle va revenir, un des deux hommes qui la côtoient à sa suite. Il ne reste, à présent, dans la pièce, qu'une personne et toi-même. Et puis, tu te souviens que tu es là pour une raison précise, que vous n'êtes pas que deux, dans cette prison sale et indolente.

Tu te rapproches doucement du lit, avec agilité, sous l'œil curieux du dandy qui se tient près du lit. Rien qu'un regard et tu devines qu'il n'est pas de ta race. Alors, sans un mot, tu contemples à ton tour l'amas de draps qui s'entrelacent en boule les uns dans les autres, en plein milieu du lit. Tu es presque surpris de voir qu'il y a quelqu'un, sous ces draps, lorsqu'il s'agite, tant tout est calme. Le silence était jusqu'alors si absolu que tu te croyais sourd*. Tu la vois s'agiter, et une main ridiculement petite et menue jaillit de sous l'amoncellement de tiretaines. Elle tressaille comme si elle appartenait à une fiévreuse.

Tu tends alors les doigts, et caresses le poignet avec tendresse, comme pour dire « Je suis là ; tu es encore vivante. » Elle irradie la chaleur. Tu entends la respiration haletante, dans le noir, l'inspiration presque exaltée : elle cherche des souffles, même légers – des libellules. Tu sens son cœur battre au rythme de ses tremblements, comme les clapotis d'un fleuve – plus macabres, ceux-là.

Son souffle se fait alors plus rauque, et tu l'entends gémir « Je brûle...! », avant de pousser de longs râles d'agonie à fendre l'âme. Alors tu te dis qu'elle doit mourir de chaud, là-dessous, le visage étouffé par les couvertures, et tu la découvres. Tu fais des ourlets aux draps humides, et desserres le nœud de couverture qui entrave son cou comme une corde de pendaison. Tu es révulsé qu'on ne soit pas occupé d'elle, de la mettre à l'aise, de faire le nécessaire pour qu'elle souffre le moins possible.

Son visage se révèle alors. Son menton est humide de bave et de sueur – de larmes, aussi –, et sa peau luit âcrement. Tu perçois les contours forts de son visage en amande, irréguliers, de défauts et de charmes, d'une bien jolie nature. Ses si beaux cheveux habituellement noués en une longue natte crépue sont gras, emmêlés et lâches, et traînent lamentablement sur le matelas et dans son cou, sans saveur ni charme. Elle est comme malade, voilà tout.

Pourtant, tu ne peux t'empêcher de lui trouver une poésie et une gravité touchantes, ainsi, qui t'émeuvent bien malgré toi. Même à l'agonie, la sœur d'Aro conservait un semblant d'impassibilité troublant, d'une grâce sans surprise. Tu caresses alors de nouveau son poignet du bout des doigts, mû par un élan soudain de compassion car tu la trouves bien seule, bien triste et bien sale, dans ce grand lit aux draps maculés de taches de sueur.

Elle ouvre alors les yeux, de petits yeux de nouveau-né surpris de découvrir du monde qui le contemple tendrement. Elle a l'air de sommeiller, les pieds dans les draps. Elle te reconnaît enfin, souriant comme sourirait un enfant malade*. Tu crois fondre de désir aux commissures de ses lèvres entr'ouvertes. Puis elle se raidit, les bras roides.
Oceanus meo formosus amicum – oceanus ! halète-t-elle subitement, les yeux hallucinés, grands écarquillés.
Le timbre de sa voix est étonnement clair et ses yeux sont d'une incroyable vivacité lorsqu'elle parle. Elle est lucide malgré le piètre état dans lequel elle se trouve.

Ce sourire radieux, même malade, et cette ardeur dans la voix, dans sa façon de s'accrocher à ton bras comme un mourant le fait à la vie te bouleversent insensément. Tes pensées s'embrouillent en un chaos indescriptible. Et sans que tu puisses rien y faire, tu la regardes te lâcher, s'accrocher aux draps, ses ongles s'enfonçant ardemment dans ses paumes, et pousser des hurlements d'agonie telle une damnée, exsangue. Impuissant à sa douleur – et elle, inconsciente quant à celle qu'elle te cause. Tu t'assieds alors à même le sol et te bouches les oreilles.

Tu ne veux plus penser, tu ne veux plus entendre, ni voir. Ses mains moites de sueur dans les tiennes, glacées, t'ont trop troublé. Tu désires seulement t'éloigner de cette pièce trop sombre, trop sale, trop exiguë, et retomber dans l'insouciance du patio.

Alors, doucement, sensiblement, tu guettes la cessation des battements foisonnants de son cœur ; le moment où sa chair s'arrêtera de vivre, se glacera comme une peinture dans le temps ; le moment où son souffle cessera de s'agiter, son sang de battre ses tempes – le moment où elle mourra.
Pourquoi l'appelle-t-on la renaissance ?
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Entre le moment où elle vit et le moment où elle renaît, tu cesses de croire en Dieu.
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Tu rouvres les yeux. Elle s'est enfin arrêtée de crier.

Trois jours, trois jours que tu supportes les échos de son calvaire. Les visites d'Aro étaient fréquentes, évidemment ; il passait l'air soucieux, et à chaque fois, il se jetait sur sa sœur et baisait avec adulation ses mains et son visage en s'écriant désespérément « La mia bella ! » ; et il répétait son manège encore et encore, inlassablement, insensible face à ses gémissements, alors qu'elle se tordait de douleur sous ses doigts secs et étiques. Puis il repartait après avoir posé une main sur ton épaule tremblante et dit « Je ne te remercierai jamais assez, mon frère », emportant avec lui son parfum de chaleur et de cuir.

Tu ne t'es pas nourri depuis voilà trois jours. Tu n'as pas faim ; ça ne t'intéresse pas. Sa douleur te préoccupe davantage et te coupe l'appétit, et a l'air de trancher les liens qui t'unissent à la vie réelle. Tout semble surnaturel, dans cette sombre chambre. Le temps s'y suspend, la vie s'y fige, l'insouciance s'y glace, et le bonheur s'effondre comme une poupée de chiffon, une marionnette exsangue dont on aurait coupé les fils ; les ailes tranchées d'un oiseau à aigrette qui clappe une mélodie comme on chante un requiem.

Tout te semble mort, dans cette chambre insalubre qui n'en est que lugubre apanage*. Tout ici transpire la torture, et les murs suintent l'horreur. L'odeur de pourriture, de sang séché, de sueur et de glaires est devenue insupportable. Tu ne souhaitais qu'une chose : sortir d'ici. Mais tu ne pouvais pas, tu n'y parvenais pas, car la ferveur de Didyme te troublait et te travaillait toujours.

Heidi venait te rendre visite, oui, parfois, de temps en temps, quand elle n'était pas occupée, à l'instar d'Aro, et à chaque fois, elle ne restait guère plus de quelques minutes. Assez, en tout cas, pour ranimer vos anciennes envies, et vous désirer mutuellement à nouveau. Lorsqu'elle était là, vous vous murmuriez tout bas des promesses, des choses qu'on ne dit qu'à l'oreille et avec le plus de prudence possible, car ce sont des promesses qui ne se racontent pas sans rougir. Puis elle caressait voluptueusement tes cernes violacés du doigt, soupirait, te regardait avec envie, puis repartait à son tour, éteignant toute lumière.

Tu perdais un peu la tête.
L'ambiance avait de quoi te rendre fou. Et surtout, tu ne supportais plus de l'entendre hurler à l'agonie nuit et jour. Tu aurais aimé calmer sa douleur, et ton impuissance face à la torture qu'elle endurait te rendait chaque seconde un peu plus perdu et un peu plus névrosé. Et toujours, ce fichu trouble, au fond, tout au fond de toi-même, qui te poussait à rester des heures à contempler son visage marmoréen constellé de gouttes de sueur, calme, tranquille, joli minois plein de candeur d'un enfant malade.

Dans ta tête, tu l'appelles volontiers Antigone, parce que rien que ses attitudes, ses expressions, cette façon de se tordre de douleur dans un sens et pas dans l'autre, défient l'équilibre régissant l'Univers ; anti-loi. Elle rivalise avec les entités du Ciel – Euterpe, Clio, Calliope. Elle te bouleverse et te plonge dans le désespoir sépulcral à la fois. Un mélange incompatible, improbable, deux rixes qui se heurtent de plein fouet, comme le feu et la glace, deux inverses, contraires, et produisent une explosion, un choc dont on ne se relève pas – jamais. Alors, tu as attendu, trois jours durant, et supporté le poids de cette atrocité avec elle.

À présent qu'elle s'est calmée, tu la regardes. Tu la regardes de ton soûl depuis une heure, si ce n'est pas trois jours, et il te semble que tu pourrais la contempler toute l'éternité sans jamais t'en lasser.

Elle est devenue si belle.
Les contours de son visage se sont adoucis. Traits effacés, atténués par la blancheur de sa peau aux reflets nacrés. Ses yeux en amande sont clos, comme le bulbe d'une fleur déhiscente qui va bientôt éclore. Sa gorge blafarde t'est offerte, divine, tête renversée sur l'oreiller. Son artère jugulaire grouille comme la tige d'une plante sous sa peau de perle, dans le creux de son cou. Sa ceinture scapulaire tressaute doucement, agitée, et ses seins saillent à travers les draps de sa tunique, convexes, pleins comme des fruits. Tes yeux s'attardent sur son visage si léger, si délicat ; tellement poétique. Défiant. Antigone.

Alors, elle ouvre les yeux. La fleur éclot, sourcils jaillissant en expirant en éventail comme des pétales, les larmes déposées entre les organes comme la rosée du matin. Libellules.
Vous vous dévisagez un instant, une brève seconde, un rien, le tiers d'un tic de pendule ; puis elle réalise que c'était toi, là, toujours, à son chevet, depuis le début. Elle te sourit. Ton cœur se fissure, éclate comme du verre. Ses débris sont vite balayés par le vent. Et tu souris à ton tour, sans équivoque. Elle te plaît, tu lui plais. C'est évident.
Marcus.
Didyme.
Je sais.
Ah bon.

Tu déglutis difficilement et poursuis d'une voix hasardeuse :
Je veille sur toi depuis le début de ton... calvaire. Aro m'a demandé si gentiment de lui accorder cette faveur que je n'ai pas eu le courage de refuser.
Tu te tais subitement. Vous vous contemplez encore et encore, en silence, comme si vous vous découvriez pour la première fois.
Ah..., murmure-t-elle alors. Angelo. Mon ange gardien.
Tu ris nerveusement.
D'après mes agissements, je ne sais pas si je mérite ce titre..., contestes-tu doucement.
Son silence est éloquent. Elle est plus rigide et immobile qu'une statue. Puis elle a un étrange sourire.
Ça ne fait rien. Aide-moi à me relever et sors-moi d'ici ; je t'en prie, il mio angelo. L'ambiance morbide de cette pièce est insupportable.
Tu te précipites pour l'aider. Tu passes un bras dans son dos, et l'autre vient saisir ses jambes pour les ramener contre ton torse.

Décharge électrique.

Ton sang semble se glacer davantage, et soudain tu ne supportes plus de la porter sans pouvoir être plus intime. Tu pourrais presque croire que ton cœur s'est remis à battre. Tu respires.

De nouveau.
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Les jours suivants, tu ne la lâches pas d'une semelle.

Tu es là à chaque instant de ses premiers pas, comme un heureux père. Tu lui expliques tout. Ce qu'elle est devenue, ce que vous savez actuellement sur les limites de votre race, sa manière de fonctionner, ses besoins comme ses aberrations. Elle t'écoute d'une oreille peu sûre de vouloir en entendre davantage. Parfois, alors que tu lui parles du sang, de cet appétit sanguinaire insatiable, elle se bouche les oreilles et hurle « Arrête, arrête ! tais-toi ! ». Et tu t'exécutes, attendant qu'elle se calme, qu'elle rouvre les yeux, déserre la mâchoire et laisse retomber ses mains pâles le long de son corps longiligne. Soulagement.

Elle semble s'ennuyer de tout. Même en ta présence, il subsiste des vides, des silences, des inepties ; des non-dits : vous discutez par monosyllabes. Tu la fixes et la dévisages sans cesse. À tel point que tu connais son visage par cœur : l'inclinaison des cils, la forme de sa lèvre inférieure tombante, les plis de ses paupières, le squelette de ses pommettes, le moindre détail, le moindre contour, tu saurais les restituer yeux fermés. Tu la connais tellement bien que tu serais capable de dire combien d'éphélides brun chocolat marquètent ses pommettes et son nez. De dos, de profil, d'en-bas, d'au-dessus, tu la reconnaîtrais dans la moindre situation. Elle a des gestes particuliers, impossible à reproduire – bras plié, poignet fluide, main lâche, phalanges crispées, doigts roides.

Tu regrettes la couleur vermeille de ses nouveaux yeux. D'autant plus que son regard est mort – tu ne sais pourquoi. Ses prunelles lui donnent cet air de vampire issu du romantisme allemand. Elle te fait peur, parfois : tu as l'impression de la revoir, agonisante, dans son grand lit grouillant des échos d'un de pronfudis inéluctable. Comme elle était douce et chaleureuse, avant sa renaissance, avec ses yeux vert sylvestre en amande.

Tu la regardes faire, et un soupir langoureux trahit ton cœur. Mais elle ne remarque rien. Elle lève les yeux, te fixe, te sourit tristement et se replonge dans la contemplation du néant.

Tu es là dans le moindre recoin de sa vie, à chaque seconde.
Mais elle semble ne pas te remarquer. Tu étais là quand elle s'est nourrie pour la première fois ; tu étais là lorsqu'elle s'est laissée emporter par ses pulsions de nouveau-né. Tu étais également là le jour où elle s'est mise à sangloter.
Mes dieux, pleurait-elle. Que suis-je devenue ? un monstre.
Ses sanglots sans larmes t'ont semblé bien étranges. Déplacés. Anachroniques. Tu l'as trouvée si touchante, assise, là, pleurant dans ses bras repliés. Tu ne savais que faire pour la consoler. Pouvais-tu te permettre de la prendre dans tes bras, et de la serrer avec ferveur ? Célérité. Sûrement pas.

Alors tu t'es gentiment mis à lui caresser le dos, comme un frère, en lui murmurant des choses censées être apaisantes. Ça ne l'a pas calmée. Ses sanglots ont redoublé. Fièvre. Et puis, subitement, tu t'es figé. Tout s'est suspendu pendant de longues minutes, sauf ses pleures. Puis tu as murmuré à son oreille :
Oh, Didyme... C'est la première fois que je vois un vampire pleurer.
Alors, elle a relevé la tête pour te dévisager.

Elle t'a contemplé en silence à travers ses yeux ternes. Alors, tu lui as souri, de ce sourire plein d'espoir timide, et as passé une main tendre dans sa chevelure défaite, et elle s'est calmée.

Comme si ce sentiment la rendait humaine.
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Aro a fini par s'impatienter.
Je crains que Didyme n'ait eu grâce d'aucun don, Marcus.
Il faisait la moue, dépité, et fronçait les sourcils d'un air perplexe.
Et au bout d'un silence, en soupirant :
Regarde, Marcus. Mes partisans sont tellement heureux depuis qu'elle est là... Ce doit être son seul et unique don : rendre les gens heureux... Inutile.

Et c'est vrai.

Un sourire, un éclat de rire, une note de sa voix teintante, un geste furtif, véloce, pour chasser sa longue natte auburn dans son dos, le bruissement de sa tunique dans le vent – et subitement, tout devient beau ; bien. Blanc. Innocent. Et l'on respire avidement son parfum de soleil, comme on vampirise le sang de sa victime. Liberté. Tout devient clair et précis. Charmant. Doux.
Didyme transpire le bonheur. Ses stolas semblent cousues dans l'étoffe de l'euphrasie. Elle qui était si mélancolique, avant de pleurer, avant que tu ne la consoles...

Elle ne te regarde plus.
Tu n'es plus grand-chose, pour elle. Avant, elle te fixait, les yeux morts et vides, mais au moins, elle ne regardait que toi, parce qu'elle savait que tu étais tout ce qui lui restait. Aro n'était jamais là pour elle, bien qu'il l'adorât.

Désormais, elle te dit adieu avec un sourire, et se dérobe à ton étreinte en dansant et en tourbillonnant, céleste. Éthérée, farouche. Comme le vent. Antigone.
Tu sentais qu'elle t'échappait, que tu n'arrivais plus à la saisir. Elle s'est mise à te glisser entre les doigts, comme de l'eau, fluide. Quand tout à coups elle t'a manqué, tu as compris avec stupéfaction qu'elle ne t'appartenait plus. Elle pense et vit à nouveau, lumineuse. Plus besoin de tes bras.

Votre relation avait été si fusionnelle, si ambiguë, à ses premiers jours... Et elle t'a échappé, disparu. Elle a balayé les dernières traces de ta présence dans sa vie, comme le vent, comme la tempête.

Mais aurais-tu jamais imaginé que sept jours auraient suffi pour que tu en tombasses violemment et éperdument amoureux ? Ironie.

Alors, tu la suis. Tu t'accroches pathétiquement à elle. Elle ne peut bientôt plus faire un pas sans que tu sois à côté d'elle. Tu marches à ses côtés de jour comme de nuit ; tu calques tes gestes sur les siens et les apprends par cœur, comme des répliques théâtrales ; puis tu entraves ses chevilles d'une chaîne en plomb qui te lie à elle.
Ses chevilles... Si fines qu'elles plient par instants et que tu crains de les voir se briser*. Alors tu la suis – sensiblement, passionnément.

Tu ne te reconnais plus. Aro non plus. Tu es trop amoureux pour être lucide. Aro a remarqué tes paupières clignant incessamment chaque fois qu'elle pénètre dans la pièce, tes mains tordues de nervosité, ce sourire haletant et enfiévré que tu lui réserves. Il en a ri. Longtemps. Ta fierté blessée. Puis il t'a certifié qu'il t'approuvait entièrement, et qu'il ne souhaitait "que ton bonheur" parmi son entreprise.

En retour, tu lui as avoué, tout bas, sur un ton de confidence :
Elle m'a volé mon cœur.
Il s'est alors écrié avec effroi :
Mais Marcus ! elle ne te l'a pas volé, ton cœur : elle te l'a carrément dévoré !

Comme c'est triste. Et vrai. C'est la seule erreur qu'elle ait jamais faite. Si seulement ça ne s'était pas passé ainsi...
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Arrête Marcus ! Arrête ça ! Laisse-moi tranquille !

Elle a crié tellement fort que des quidams longeant les murs du patio se sont retournés pour localiser la source de cette agitation. Elle se lève avec vivacité du banc sur lequel vous étiez assis puis se dirige à grands pas en direction de ses appartements.
Attends, Didyme ! Je t'en prie, écoute ; écoute-moi...
Écouter quoi, Marcus ? siffle-t-elle, venimeuse, sans se retourner. J'en ai plus qu'assez de t'écouter ! Ça ne te fatigue donc pas de m'importuner jour et nuit ? Comprends-le une bonne fois pour toutes, mon bel ami : je n'ai pas besoin de toi.
Je ne comprends pas ce que tu me reproches, plaides-tu, piteux.
Laisse-moi, Marcus. C'est tout.
Elle saisit l'anneau de la grande porte en bois et tire... sans résultat. De ta main, tu bloques l'entrée.
S'il te plaît, Didyme, implores-tu, écoute-moi. Une dernière fois.

Ellle ne dit rien. Sa natte semble crépiter de fureur. Tu sais qu'elle ne va pas tarder à éclater de colère, alors tu débites ta logorrhée à toute vitesse, sans t'arrêter.
Didyme. Je sais que je t'exaspère, te pousse à bout, et que tu me hais jusqu'à la frénésie. Je sais aussi que tu as passé la pire semaine de toute ta vie – tu me l'as dit – en ma compagnie, et que tu m'exècres, que tu en as par-dessus la tête de moi, de me voir, et que tu rêves que je crève comme un vieux rat soûl – tu me l'as dit aussi.
« Mais, Didyme, entends-tu ce cœur qui bat pour toi ? Vois-tu ce bonheur que tu procures à un homme en particulier, plus qu'à tous les autres ? Réalises-tu combien je dépends de toi, que tu me fais perdre la tête, en me contraignant à gentiment baiser des mains que je préférerais mordre ? Sais-tu ce que tu m'inspires ? Tu es tout ce dont j'ai besoin.
« Je déteste les déclarations d'amour. Ceci n'en est absolument pas une.

Elle s'est retournée et te dévisage, éberluée.
Puis elle te traite d'idiot, dans un sombre murmure. Tu réponds que tu sais, las. Elle réitère que tu es un idiot, encore et encore, et tu réponds impassiblement « Je sais. » à chacune de ses insultes.
Je te déteste, Marcus Volturi, dit-elle, au bord de l'apoplexie. Je te déteste. Je te hais, je t'exècre, je t'abhorre, je t'abomine, je te... Ooh, mes dieux, Marcus, je t'aime !
Puis elle éclate en sanglots et s'effondre dans tes bras.

Tu es d'abord gourd de l'effet de surprise ; groggy. Tu te demandes si la situation est bien réelle, sans ambiguïté. Si c'est bien vrai, si elle reste là, accrochée à toi, si elle ne va pas te repousser et repartir en sautillant, ouvrant sa cape sur le devant de ses deux mains nues. Alors tu regardes ses épaules s'agiter de violents tremblements, dans tes bras, et tu n'hésites plus une seconde. Tu l'étouffes dans ton étreinte, l'étrangles, la serres jusqu'à ce que tes bras deviennent douloureux. Tu ne veux pas qu'elle disparaisse, se dérobe une nouvelle fois, qu'elle s'évade et se consume, fantomatique, sans consistance, comme le vent : tu es persuadé qu'elle t'appartient, désormais. Tu te rends compte que l'instant n'a jamais été aussi réel, aussi parfait, et tu n'en crois pas ta bonne étoile. Un léger rire de bonheur t'échappe. Alors elle relève la tête, et t'embrasse avec plus d'ardeur que tu ne l'en aurais jamais cru capable.
Fièvre. La tête te tourne. Tes jambes sont sur le point de plier. Célérité.

Indécence, cerises, gloriole, sucre, blé, soleil, absinthe, ciguë, menthe, désinvolture, passion.
Un parfum déséquilibré, mal dosé, disparate, dans ce baiser ; une saveur épicée et renversante, comme elle seule sait en donner.
Sa lèvres inférieure est collante, entre les tiennes – la supérieure te brûle les commissures. Tu fonds, tu te consumes ; tu brûles d'un ardent désir, encore plus insupportable que le calvaire des trois jours de transformation. Lorsqu'elle met fin au baiser, tu ne le supportes pas, et l'embrasses encore et encore, jusqu'à prendre la résolution de cesser seulement lorsque tes lèvres seront gercées. Tu écoutes vos dents s'entrechoquer de précipitation ; sangsue, tu cherches son souffle, même léger – des papillons.

Puis elle te repousse pour te faire cesser et revient se blottir contre ton torse avec la volupté d'une chatte frileuse*. Étourdi, tu détaches ses cheveux acajou brillant de mille reflets crépusculaires, plonges ton nez dans cette chevelure opulente et soyeuse et t'enivres de son parfum jusqu'à en perdre la tête.
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Alors, Marcus ? J'ai appris que tu avais jeté ton dévolu sur ma tendre sœur et que tu souhaitais ardemment l'épouser...
Aro se lèvre du trône dans lequel il était installé et se dirige vers la porte.
C'est mon choix, Aro.
C'est bien, c'est très bien ! s'écrie-t-il, comme s'il craignait que tu ne reviennes sur ta décision.
Un sombre sourire de satisfaction vient éclairer son visage. Il tapote affectueusement ton épaule en passant à côté de toi.
Je te souhaite tout le bonheur que vous méritez, mon bel ami.
Puis il se dérobe à la pièce, te laissant désarçonné par cet échange.
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« Heidi, je vais me marier. »

Les échos de cette annonce se répercutent encore contre les parois de ton crâne.
Subitement, tu regrettes de le lui avoir dit : si tu avais gardé ça pour toi, elle ne t'aurait sûrement pas recraché tout le sang qu'elle buvait dans une coupe à la figure.
Pardon, s'excuse-t-elle.
Y a pas de mal.
Tu t'éponges difficilement le cou avec la serviette qu'un esclave te tend.
Marcus, est-ce que tu pourrais me répéter ça, pour que je sois sûre que tu es bien lucide ?
Tu te retournes. Elle a posé la coupe sur le rebord de la fenêtre et te dévisage avec des yeux de crapaud mort d'amour, un filet de sang au coin de la bouche. Tu l'essuies de ton index, d'une manière que tu aurais préférée moins érotique.
Je vais me marier, Heidi, réitères-tu. C'est ma décision.
Toi, te marier ? glousse-t-elle. C'est une blague ? Tu es bien le dernier que je verrais casé !
Pourquoi ?
Tu te poses la question ? coureur de jupons.

Tu grimaces. Elle secoue la tête, éberluée.
Tu es devenu fou, murmure-t-elle. Ou alors, tu as trop consommé de vin, ce qui m'étonnerait venant de toi, vu le goût de la chose...
Tu sembles offensé.
Je n'ai pas bu, Heidi. Et je suis totalement lucide et sain d'esprit.
Elle secoue derechef la tête, murmurant inlassablement « Fiancé ! » entre ses mâchoires crispées.

Soudain, elle se raidit, le teint livide, visage fermé.
Tu m'avais promis une nuit une fois ta garde terminée, Marcus, gronde-t-elle, menaçante.
C'est vrai, soupires-tu, hébété. Je suis désolé, Heidi, mais ces promesses-là n'ont plus lieu d'être.
Tu m'avais promis de m'en faire voir de toutes les couleurs ! éclate-t-elle, furieuse. Tu avais dit que tu me prendrais tellement fort que je grimperais aux rideaux, et le lendemain, tu m'annonces que tu te maries ! C'est trop fort. Trop-fort !
Elle se met à faire les cent pas dans la pièce en se mordant furieusement l'intérieur des joues.
Tu soupires et t'assieds, las.

Soudain, elle se fige. Se retourne pour te regarder.
Peut-on savoir qu'il est l'élue ? demande-t-elle innocemment d'un air faussement détaché.
Tu hésites un instant avant de lâcher :
Didyme.
La sœur d'Aro ? Cette petite ingénue ?
Toute trace d'amertume a déserté son visage. Elle est désormais plus surprise qu'autre chose.
Elle est calme mais féroce, objectes-tu.
Tout de même... Je n'aurais jamais imaginer qu'une femme comme elle puisse te...
Elle ne finit pas sa phrase. Elle reste songeuse un instant, puis se remet à tourner en rond dans la pièce. Tu oses la requête.
Me feras-tu l'heur de ta présence aux cérémonies ?
Elle s'arrête. Ricane sombrement.
Inviter son ex-amante à son mariage, comme c'est crû ! Soit, Marcus ; j'y serai. Mais ne compte pas sur moi pour te souhaiter tous mes vœux de bonheur une fois que la matrone aura joint vos mains droites.
Elle se dirige vers la sortie et ouvre la porte.
Crois-moi, ce mariage ne t'apportera rien de bon. Un tel engagement n'est pas fait pour toi, lâche-t-elle froidement avant de sortir en claquant la porte derrière elle, d'une amertume maladive.
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Marcus, voilà Chelsea. C'est ma dernière folie, sa transformation s'est achevée hier. – N'est-elle pas sublime ? – Elle peut manipuler les liens qui unissent les personnes entre elles comme bon lui semble.
Ah.
Il trépigne sur place et halète, souriant, tout excité.
Si je veux que tu la voies, c'est parce que son don est des plus intéressants, combiné au tien, poursuit-il, intarissable. Il n'en est que plus immédiat et efficace : tu as juste à lui dire : « Untel aime quelconque », et – piouf ! – elle t'extermine ce charmant petit couple en un claquement de doigts.
Tu souris de toutes tes dents.
Vraiment ? t'écries-tu, extatique.
Vraiment ! reprend Aro, en proie à une euphorie débordante.
Non ! le taquines-tu, simulant la surprise.
Si !
Ton sourire s'élargit davantage.
Par les dieux, Aro, c'est... c'est... Pff.
Tu pivotes sur tes talons et marches dans la direction opposée en te renfrognant.
Attends, Marcus, tu ne comprends pas !
Il te rattrape et pose une main avide sur ton épaule. Tu te figes, horrifié, et donnes un coup brusque pour lui faire lâcher prise.

Mais c'est trop tard.
Il sourit tristement, ayant perçu tes pensées.
Tu t'inquiètes du mariage, traduit-il. C'est pour ça que tu es d'humeur exécrable, depuis quelques jours.
Tu le dévisages un instant, défiant, trop fier pour l'admettre, puis tu soupires. Tes muscles se relâchent d'un coup, et tu affiches une triste mine.
Je suis désolé, Aro, t'excuses-tu, piteux. Mais tout ceci m'échappe totalement. C'est trop pour moi, tout d'un coup, et je me pose des questions.
Il te prend par les épaules, mû par un relent fraternel, et vous vous dirigez vers le patio.
Dans trois jours à peine, tu seras lié à vie à ma sœur, reprend-t-il d'un ton rassurant. Tu la trouveras soudain bien longue, l'éternité.
Tu soupires encore.

Pourquoi faut-il toujours que la date de toute échéance se rapporte forcément à trois jours ?
Chiffre maudit.
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Tu ouvres un œil.
Un rai de lumière filtre à travers l'interstice qu'offrent les rideaux. La pièce est plongée dans la pénombre totale. Il y règne la chaleur suffocante, oppressante des appartements d'Aro dans lesquels ta dulcinée avait été claustrée pendant son calvaire. Mais cette chaleur-ci est plus douce. Elle se diffuse avec tendresse dans tes membres, glisse sur ton corps sans te pénétrer ni te toucher. Un parfum léger, différent, ce parfum qui s'exhale et suit l'extase, parfum d'amour et de tendresse, flotte dans les courants aériens de la pièce. Il a des relents de sucre, de blé fraîchement coupé, et surtout, des parfum frais comme des chairs d'enfants* – les chairs tendres et pâles de ta bien-aimée.

Tu te déplaces légèrement et tes doigts souples retombent dans sa paume glacée, qu'elle enlace tendrement d'une pression légère. Elle ne dort pas. – Comment le pourrait-elle ? – Tu regrettes amèrement qu'elle ne puisse plus se laisser glisser avec volupté dans les abattis de Morphée. Tu aurais tant aimé éprouver le seul, simple, incompréhensible et unique plaisir du jeune époux ayant le privilège d'éveiller sa dulcinée après leur première nuit...

Mais les plaisirs violents ont des faims fins violentes*.

Et cette fin, tu ne l'as pas vue venir, puisque tu n'as même pas eu l'heur d'y goûter, d'y tremper les lèvres comme tu ferais d'une boisson empoisonnée.

Tu te délectes un instant de la froideur de ta joue contre le ventre, plat, frémissant, de ton épouse. Ta peau est mise à vif – tu la sens caressée par une main éthérée, délicate, comme un champ où court le vent d'été. Tu frémis sous les caresses. Ton cœur est devenu une terre fertile où poussent des désirs colorés, des plaisirs et fins violents, ces prurits inaccessibles du bout des doigts. Tu tournes la tête et découvres que Didyme te contemple avec tendresse.

Vos yeux sont des fleurs – vous vous cueillez du regard. Et les pétales se désagrègent dans vos mains, vous fondent entre les doigts, comme si ces fleurs langoureuses ne vous étaient pas dues ; indomptables, légères, farouches – au gré du vent, de la tempête.
Dans ses yeux sombres, tu saisis clairement ses souvenirs au vol. Tu sais qu'elle pense, comme toi, aux deux jours précédents, lorsque vous vous unissiez pour la vie, que Junon vous donnait sa bénédiction devant toutes ces connaissances qui ont toujours coloré ton existence.

C'était l'instant de tous les doutes, cette fièvre latente, ce moment où tu devais te poser les bonnes questions et descendre les escaliers dans le sens inverse si besoin était. Pourtant, malgré toutes les barrières que tu t'imposais, à cet instant, ton don, qui résulte de deviner les liens qui unissent les personnes entre elles, n'aurait pu être plus précis : dans un éclair de lucidité, tu as su, oui, que ce serait elle – maintenant et pour l'éternité. Elle à jamais, la seule et l'unique, cette personne que tu ne pourras jamais qualifier, pas comme ça, pas avec des mots, et que tu aimeras de toute ton âme, comme si vous ne formiez qu'un tout, une seule et unique entité. Vous y trouvez une entente, comme les cinq doigts de la main.

Vos regards se croisent de nouveau, et tes réflexions s'émaillent et s'éparpillent aux quatre vents comme un essaim de papillons. Tu ne parviens pas à résister à l'envie de la prendre pour la centième fois depuis le crépuscule. Et pour la centième fois, tu la laisses te dominer, te posséder. Tu aimes la sentir sur toi, tout contrôler, te manipuler aisément entre ses délicates mains pâles de nouveau-né. Elle éprouve encore du mal à répartir sa force, et te fait gémir de douleur, parfois – mais tu ne trahis pas plus. Tu trouves sa façon de se concentrer pendant l'acte touchante. D'ailleurs, tout ce qu'elle fait et ce qu'elle dit est touchant. Elle donne à toutes ses actions une dimension profonde, différente. Elle les façon à sa façon, les rend meilleures, plus belles et plus émouvantes. Elle les didymise. Cette façon de faire impossible à reproduire, propre, qui n'appartient qu'à elle.

Elle te bouleverse, la cruelle. Elle te fait ressentir des milliers de choses que tu n'as jamais éprouvées jusqu'alors, et c'est trop, pour toi ; tout échappe à ton contrôle, ces émotions te possèdent, te dominent, à l'instar de Didyme. À la réalité, tout ce qui vient de ta dulcinée te manipule et te contrôle aisément, avec une puissance presque cruelle. Cet amour que tu lui portes... c'est à te rendre fou. À cet instant, tu es persuadé de n'aimer et de ne demeurer qu'avec elle – pour l'éternité.
____________________

Pourquoi le soleil brille-t-il autant ?

Pourquoi les parfums sont-ils si suaves, si forts, si déroutants ? Comme se fait-il que tout soit si beau, si lumineux ? Diantre ! pourquoi diables as-tu l'impression que ton cœur s'est remis à palpiter, alors qu'en toute logique, tu devrais être mort ?

La vie a-t-elle toujours été si dorée ou n'est-ce qu'une utopie renvoyée par ton esprit euphorique ? Pourquoi te semble-t-il que tout est parfait ? La réponse est claire, nette, concise et t'apparaît comme une évidence : Didyme. Tu lâches un souffle inutile en contemplant ta dulcinée, ton épouse, offrant sa gorge au soleil, luminescente, brillant de mille éclats, du strass, comme si sa peau était sertie de pierres précieuses. Jaspées. Mais aucune pierre ne sera jamais aussi précieuse que sa peau blafarde.

Ses longs cils bruns caressent ses pommettes avec volupté, comme les ailes d'un oiseau. Si douces. Ta raison vacille. Alors elle ouvre les paupières et tourne la tête pour te regarder.
Quoi ?
Un sourire en coin absolument exquis pétille sur son visage avec amusement. Tu frissonnes de délice. À cet instant, tu aimerais lui dire tout ce à quoi tu penses. Lui ouvrir ton esprit pour qu'elle lise en toi et découvre le bonheur intense, indescriptible, qu'elle te procure ; qu'elle voie combien elle t'offre ce que tu n'attendais plus. Tu aimerais crier la joie étale qui inonde ton cœur*, comme un prurit irrépressible, et lui lancer toute la violence de ton amour pour elle à la figure.

Didyme... Si belle, si gracieuse, si touchante, avec ses grandes boucles auburn ramenées en natte, ses petits yeux en amande, ses longs cils charbonneux, son nez délicat, sa fine bouche en cœur rose carmin, pleine, et sa silhouette saturée, presque souffrant d'un tout léger embonpoint invisible. L'exquise matité de sa peau d'origine qu'on devine sous son épiderme étain. Son parfum épicé. Ses bracelets d'or tintant et s'entrechoquant à ses poignets comme une promesse appétissante.

Tu réalises que tu as été bête de penser que le moment où tu es devenu suceur de sang était ta renaissance. En réalité, tu as toujours été mort. Mort au fond de toi. Sans raison d'être. Et soudain, ta raison de vivre, tu l'as trouvée – elle t'est apparue comme le doux zéphyr dans le champ de canicule, le beau temps après la pluie, le bain brûlant parmi le froid mordant de l'hiver, la douceur disparue des chairs de fruits fondant au gré des parfums sucrées du printemps. Tu es "mort", pourtant, tu sais que tu ne pourrais être plus vivant qu'en ce moment, qu'avec elle. Ta seule renaissance a eu lieu le jour où tu as vu Didyme pour la première fois – elle a su t'insuffler un second souffle.
Quoi ? répète-t-elle alors, avec ce sourire intarissable.
Si tu avais pu, tu aurais rougi de savoir qu'elle te surprend en train de la dévisager avec une expression béate.

Tu aimerais lui dire tout ceci, pourtant, tu sais que tu n'y arriveras pas. Pas comme ça, non, pas comme ça. Il y a des mots pour parler d'elle, et parfois, il n'y en a pas. Alors tu réponds simplement, sans réfléchir, les rouages du cerveau engrenés :
Rien. Je viens seulement de comprendre que je suis en train de tomber amoureux de toi une seconde fois.
Le sourire qu'elle te rend te coupe le souffle.
Il est ému, touchant, et brûlant à la fois. Bouleversant. Son regard animal te fixant sans récidive fait vibrer ta peau de désir et de passion. Tu la prends dans tes bras sans réfléchir et le serres à l'étouffer, comme si ce souvenir devait à jamais s'imprégner dans ta peau, la gorge nouée d'émotion.
Je suis si heureux avec toi, Didyme...
Oui. C'est bien ainsi. Restons heureux tant que nous sommes ensemble.
Tu souris en passant une main dans sa nuque fraîche et laisse retomber ton menton dans le creux de sa clavicule.
Il nous reste toute une vie pour pleurer.
___________________

Tu deviens intemporel. Plus rien n'importe, plus rien n'est grave, plus rien ne se passe lorsque tu es avec Didyme. C'est comme si elle figeait le temps, le ralentissait, pour mieux savourer chaque minute passée avec toi. Tu n'en crois toujours pas ta chance. Didyme, être divin, intemporel, irréel, farouche, esprit indomptable, utopie épique. Séraphin. Tienne !

Pourquoi faut-il qu'elle tue l'idée de ce que nous sommes* ? – Vampires. –

Tu n'existes plus que pour elle, désormais. Et ton immortalité lui sera vouée – inéluctablement. Tu sens que c'est elle. Maintenant et pour toujours. Tant de bonheur, de légèreté, de candeur et de beauté...

Tu mourrais si on te les reprenait. Une seconde fois.
___________________

Je souhaite partir, Marcus.
Comment ça ?
De sa démarche sautillante, Didyme vient se pelotonner contre toi avec la volupté d'une chatte frileuse*. Tu gémis de plaisir en subissant la délicieuse caresse de ses cheveux défaits dans ton cou exsangue.
Explique-moi. S'il te plaît, ronronnes-tu, bien qu'incapable de te concentrer sur sa réponse.
Pourtant, tu te méfies. Tant d'affection d'un coup, sans raison... Ça cache quelque chose. Même si tu ne comptes pas t'en plaindre.
Je souhaite partir, Marcus, roucoule-t-elle derechef, comme une litanie. Loin d'ici. Avec toi. Seulement toi. Et très loin.
Tu te figes subitement et la regarde droit dans les yeux, le regard halluciné. L'écartes légèrement de toi. Frayeur. Surprise.
De... quoi ?
Je suis si bien avec toi, toi seul, répond-elle, l'air maussade, en reniflant avec force minauderies. Fonder une famille. Adopter, en fait. Ne dépendre et n'obéir à personne. Nous n'avons pas besoin d'eux pour vivre, et nous respirerons mieux sans les avoir sur le dos. Tu ne crois pas ? Tu es d'accord, mon amour ?
Ses mains qu'elle fait glisser le long de tes côtes avec un regard sans équivoque te font bander les muscles de contenance, mis au supplice.

Tes pensées se bousculent. Comment lui refuser quoi que ce soit ? Surtout quand elle t'adresse un regard pareil ? Et n'as-tu pas envie de ne vivre qu'avec elle, toi aussi ? De lui donner ce qu'elle veut ? – Amour, famille, indépendance, bonheur ? – Tu serais prêt à tout abandonner, tout sacrifier pour elle. Rien ne compte plus que Didyme.
Oui, lâches-tu alors dans un souffle rauque avant de tirer sur sa stola et de la déchirer, tant le désir est violent.

Spasmes. Râle. Soupir. Dilatation. Noir.
___________________

Aro fait marche arrière en percevant un gloussement familier échappé de derrière une porte close. Il se penche pour mieux entendre à travers l'obstacle épais. Chuchotements. Nouveau gloussement féminin et voluptueux. Quelque chose ressemblant vaguement à un ronronnement viril. Didyme et Marcus, sans hésiter. Plus que probablement fourrés dans un lit.

Aro esquisse un sourire connivent. Ces deux-là se sont décidément bien trouvés. Il s'apprête à repartir pour ne pas violer davantage leur intimité mais se fige net lorsqu'il entend son nom.
« On devrait peut-être en parler à Aro, tu ne crois pas ? Du fait qu'on veut partir ? Oui. Bien sûr ! Je ne vais nulle part sans son accord ! » Le vampire devient plus livide qu'il ne l'est déjà. « Je suis si heureuse à l'idée d'avoir un foyer rien qu'à nous, Marcus... Moi aussi. En attendant, je vais trouver Aro pour lui demander si... » Le bruissement d'un tissu. Probablement des vêtements qu'on enfile. « J'ai si peur qu'il refuse... De même. Mais nous n'avons pas le choix. Marcus, il ne va pas refuser, rassure-moi ? Il ne peut pas ! ... Rêve de notre jardin, mon ange. »

Lorsqu'Aro entend des pas se déplacer vers la porte, il s'en éloigne promptement. Juste à temps pour la voir s'ouvrir sur un Marcus aux pupilles dilatées, cheveux en bataille. Chaos. Surprise.
Aro !!
L'intéressé esquisse un sourire crispé.
Lui-même. Que puis-je pour toi, mon frère ?
Tu l'entraînes dans la Grand-Salle et lui fais part de ta requête en parlant à toute vitesse, comme si ta vie en dépendait. Tu as l'impression de débiter des inepties, de parler sans cesse et trop longtemps. Mais la peur te noue le ventre. S'il refuse... tu ne pourras jamais te résoudre à l'annoncer à Didyme. Voir ses rêves se briser. Ne plus te toucher, déçue et dégoûtée par ton incapacité. Plus de sourire ni de tendresse. Pas de signe d'amour. Ça n'existe pas. Pas dans ces conditions-là, non, pas comme ça.

Mais Aro sourit lorsque tu cesses de parler. Un sourire qui te semble crispé, exagéré, mais ce n'est peut-être qu'une illusion...
Bien sûr, Marcus..., articule-t-il alors lentement. Vous méritez d'avoir votre famille et votre indépendance à vous... Vous avez ma bénédiction. Mais revenez me voir de temps en temps, d'accord ? Et si vous avez le moindre souci... ce serait tellement dommage qu'il arrive une catastrophe à l'un de vous deux, tu ne crois pas ?
Tu souris. Avec toute l'incompréhensibilité et la reconnaissance du monde.
Merci, Aro. Merci infiniment. Je te revaudrai ça, dussé-je y passer l'éternité.
Sourire crispé. Hypocrisie. Sarcasmes. Voilés.

Lorsque tu t'éloignes presque en bondissant, le sourire d'Aro quitte son visage aussi subitement qu'il y est apparu. Effacé. Envolé. Comme un masque qu'on ôte. Comme du maquillage qui coule, coule ; s'efface lentement, se déforme avec la pluie. Il pense. Perte. Colère. Souffle gourd. « Non... non, jamais tu ne partiras. Tu es à moi et tu le restes. Maintenant et pour l'éternité. J'en fais le serment. Quoi que je sois contraint de faire pour te garder. »
___________________

Un parfum céleste. Des pas légers sur le tapis, comme sur des nuages. Dansants. Les bruissements du tissu d'une robe coulant entre des doigts fins. Des mains pâles. Tremblantes. Crispées. Coupables. Didyme se penche pour contempler le reflet que lui renvoie le miroir et aperçoit Aro dans l'embrasure de la porte. Accablé. L'esquisse d'un sourire sur les croquis de son visage.
Cher frère ! Voilà une éternité que je ne t'ai pas vue.
Elle se précipite gracieusement vers lui dans une démarche qui n'en est que ballet léger et lent. Mais il l'arrête, visage fermé, avant qu'elle ait pu l'enlacer.
Je ne suis pas là pour des retrouvailles, Didyme... mais pour des adieux.
Elle se fige. L'incompréhension sculpte la position de ses fins sourcils. Il lui montre ses mains, un sourire désolé sur le visage et s'approche d'elle, menaçant, tandis qu'elle recule, mue par un élan de survie.
Marcus est à moi, Didyme. Je l'ai, je le garde. Et jamais il ne partira d'ici. Il demeurera sous mes ordres pour toujours. Avec ou sans toi.
Grondement rauque. Elle crie de désespoir en comprenant que sa vie vacille sur le plateau et n'attend qu'un souffle pour basculer dans le vide. Elle sort alors en trombe de la pièce et court dans les couloirs. Court à perdre haleine, court à cracher ses poumons. Aro sur ses talons. Échos des pas frappant le sol dallé dans un rythme sans fin. Courir, courir, sans cesse, nulle part, dans un labyrinthe sans fin, des chemins tortueux ne menant nulle part, le minotaure te traquant. Sans fil d'Ariane. Car la poursuivie est Ariane !

Que faire ? Où est passé le héros de l'histoire ? Celui censé achever le monstre, sauver la princesse et l'épouser ? Celui sur qui jaillit la gloire ? Ce sang-mêlé, issu du sein d'un dieu, qui triomphe et dont le nom reste à jamais gravé dans toute culture, toute civilisation ? Qui est-ce, ce héros ? Hein ? Qui est-ce ? Dis-moi ! Est-ce son nom que tu cries à perdition, comme s'il pouvait t'entendre, comme si le simple fait de l'appeler pouvait combler son absence ? Ce nom, ces hurlements mêlés, Marcus, Marcus, Marcus, comme une litanie déversée dans le vent ? Pauvre idiote.

Les héros n'existent que dans les mythes, et dans la réalité, les princesses meurent. Traquées par des minotaures aux yeux brillants de haine et de souffrance, emmêlées l'une dans l'autre, indécollables. Toile d'arachnide.

Elle pénètre dans des pièces inconnues, ouvre des portes closes et foule un sol régulier à grands pas. Elle a l'impression d'entendre sa respiration saccadée lui vriller les tympans, pourtant, elle sait que c'est uniquement le fruit de son imagination que lui renvoient ses pauvres souvenirs d'humaine. Elle ne respire pas. On veut la tuer, mais elle est déjà morte. Mais soudain, une pièce vide. Sans fenêtre ni sortie. Le piège se rétracte. Stupeur. Elle se fige et fait volte-face. Celui qu'elle ose encore appeler son frère pénètre à son tour dans la pièce.
C'est fini. Pour toi comme pour lui.
Didyme fait un pas en arrière, ne le quittant pas des yeux, le vrillant du regard. Toute la haine et la peur du monde s'y reflète. Mais elle trébuche et tombe à la renverse. Hoquet de stupeur.
Marcus !!
Aro brisant la tringle d'un rideau et se jetant sur elle avec un grondement menaçant. Elle pousse un cri. Un hurlement. Litanie. Sanglots.
MARCUS !
Chaos. Entremêlement. Pêle-mêle. Aro sur elle, qui l'étouffe de son tissu épais, la couvre, l'englobe maladroitement à l'intérieur.
Marcus ! À l'aide !

À peine un souffle, léger – des libellules. Une chandelle à portée de main. Flamme vacillante. Aro s'en saisit et brûle les fibres du tissu. Le feu s'attise entre les fins réseaux de coton. Toux. Hurlement étouffé.
MARCUS ! MARCUS !!
Odeur de chair calcinée, brûlée. En décomposition. Aro plonge son coude dans le creux qu'il devine être le cou de l'agonisante et tire un coup sec dans le sens opposé. Craquement sinistre de la glace qui se brise. Nouveau hurlement. Gargouillement immonde. Pourpre s'étalant comme une larme. Le tissu s'imbibe de souffrance aux couleurs cramoisies.
Marcus...!!
Aro se détache précipitamment de la mourante et sort de la pièce, sans un regard pour cette sœur momifiée dans un rideau incandescent.
Rêve de ton jardin, mon ange !
Triste ricanement.
Marcus...!! Marcus... Marcus...

« Marcus... Marcus... »

Spasmes. Râle. Soupir. Dilatation. Noir.

La différence entre l'amour et la mort, je vous prie ?
___________________

Didyme ?! Où es-tu ?
Tu pénètres dans la Grand-Salle. Aro sur son trône. Menton contre paume. Yeux perdus sur un point derrière la fenêtre.
Aro, tu ne sais pas où est passée Didyme ? Je la cherche depuis ce matin, et il est bientôt 21 heures !
Il sursaute. Cils papillonnants.
Hum...? Euh, non, je ne l'ai pas vu. Vous ne devriez pas être déjà partis, au fait ?
Tu secoues la tête.
Didyme ? Didyyyme !
Tu la cherches à perdition. Derrière les rideaux, les paravents. Ta folie n'a plus de limites. Serait-elle partie sans toi ? Non ! Elle ne ferait jamais ça. Mais alors où est-elle ?
Didyme ! DIDYME !!

« Marcus... Marcus... »

Tu sors de la pièce en poussant les portes avec tant de force qu'elles manquent de se briser contre le mur.
Didyme ?!
Pas dans l'entrée, ni dans les appartements. Pas de le patio, les jardins, les sources, ni nulle part. Didyme... Où te caches-tu ?

« Partie. »
DIDYME !!!
Didyme n'est pas là, Marcus.
Tu te retournes. Heidi. Elle se tord les mains de nervosité. Regard fuyant. Absent. Comme si elle se demandait comment t'annoncer quelque chose.
Où est-elle, alors, Heidi ? Tu le sais ? Dis-moi que tu le sais !
Tu te postes devant elle en quelques enjambées et la fixe d'un regard suppliant. Elle a l'air de savoir. Il faut quelle sache.
Je suis désolée.
Elle fuit ton regard inquisiteur.
Quoi ? Quoi, Heidi ? Où est Didyme ? Dis-le-moi !
Elle inspire un grand coup. Comme si elle avait besoin de ça. Comme si cela lui donnait du courage.
Didyme est morte, Marcus. Aro l'a tuée pendant ton absence.
Tes jambes vacillent.
C'est une facétie de mauvais goût ?
...
Non. Je suis désolée. Elle ne reviendra pas.
Tu t'écroules sans prévenir.
MARCUS !!

« Marcus... Marcus... »

Non. Non ! Non, non, NON !!
Marcus, relève-toi, je t'en prie ! Regarde-moi !
Non. Non, impossible. Ce n'est pas possible. C'est faux, Heidi raconte n'importe quoi. Elle est folle ! Tu gémis de douleur morale et te plie en deux, à même le sol, assis sur tes mollets.
... Va-t-en !
Une autre présence. Parfum de musc et de cyprès.
Ne le touche pas, Chelsea ; arrête !!
Trop tard.

Vide. Noir. Néant. Tu planes dans le céleste. Pupilles d'un noir profond, dilatées, absentes, de ta dulcinée. Non. Plus ce mot – dulcinée. Il ressemble à calcinée.
Marcus...

« Marcus... Marcus... »

Non. NON !!

Damnée. Comment va-t-elle ? Est-elle bien, aux Enfers ? Où est-elle ? Sente tortueuse, caillouteuse, sinistre et grise, sèche, qui mène au tribunal infernal ? Minos, Rhadamante et Éaque. Elle, petite Antigone, si fragile Antigone, si affable, douce, coupable d'un crime non commis. Fait-elle l'aller-retour, en perdition, sur le bord du Styx ? Sans pièce d'or pour payer sa mort à Charon ? Aro ne lui a tout de même pas glisser une pièce sous la langue avant qu'elle meurt pour ce voleur de passeur ! Trouvera-t-elle jamais le repos ?

Marcus ? Didyme est morte, Marcus. Aro l'a tuée pendant ton absence. Elle ne reviendra pas. Je suis désolée. Ce serait tellement dommage qu'il arrive une catastrophe à l'un de vous deux...! Pour ce voleur de passeur. Didyme n'est pas là. Marcus ! MARCUS !!

Tu es partagée entre l'envie de te déchirer avec tes ongles et de hurler de tout ton être. Pourtant, rien ne franchit plus tes lèvres. Rien ne mérite d'être dit. Quand elle n'est plus là. Alors qu'elle erre sans fin sur les bords du Styx. Trouvera-t-elle jamais le repos ?

« Pour ce voleur de passeur. »

Ce n'est pas un mythe. Elle n'est pas la princesse, et tu es encore moins le héros. Ce n'est pas une histoire pour les enfants. Lorsqu'Ulysse revient de son voyage, il ne trouve pas Pénélope. Elle est morte. Quand Persée tue Meduse, Andromède a été dévorée par le monstre marin depuis longtemps. Pas de fin heureuse. Ça n'existe pas. Tout est faux, a toujours été destiné à te perdre. Plus jamais tu ne sentiras ses mains danser sur ta peau, et y tracer des sillons de feu. Plus jamais elle ne te sourira. Plus jamais elle ne murmurera ton nom avec ses accents si délicieux. Tu ne vivras jamais toute l'éternité avec elle. Jamais. Jamais. Alors que tu croyais que toute ta vie avait les consonances de "toujours". Vivre toujours, aimer toujours Didyme, servir toujours Aro, toujours être heureux. Un coup d'épée dans un corps et deux vies s'effondrent.

« Pour ce voleur de passeur. Marcus... Marcus... »

Ton cœur se fend en deux lorsque tu réalises que ce n'est pas un rêve : elle est morte pour l'éternité, et elle ne reviendra pas, ne ressuscitera pas. – Jamais.
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 11:29

Wow, si je m'attendais a quelque chose comme ca!

Bon, Marek Castle est mon Poste Vacant, c'est moi qui l'est inventé et j'ai dernièrement suprimé mon personnage. J'aime bien Marek, mais il était de trop dans ma troupe de personnage. Si tu m'aide a trouver un rechange pour Marek, je te laisse Ben pour Marcus.

D'ailleurs, ils se resemble un peu, en plus jeune...

Pour moi, ca me va!

Il te manque ton physique, fais avec Ben et on pourra te validé!! Smile

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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 11:42

OMG, tu acceptes ?

Merci, Mon Dieu, Jésus, Sainte Marie, Joseph pour votre miséricorde ! Et merci à toi, ô grand Edward *___*

Pour la célébrité de rechange, je pensais à Gaspard Ulliel, Alex Pettyfer, ou Hayden Christensen. (Par contre, je n'ai pas vérifié si ces célébrités étaient déjà prises :S)

J'ai une nette préférence pour Gaspard Ulliel, qui ressemble énormément à Ben Barnes avec la barbe et les cheveux mi-longs Smile (Ici)

En tout cas, j'ai fini ma fiche !
Merci encore d'avoir accepté ^^
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 11:57

Wow, encore! Razz

Pour moi tout est bon, si y'a quoi que ce soit, Rosalie communiquera avec toi Razz

Moi je te valide!! Very Happy

Il te reste qu'a aller gerer ton personnage et a partir un poste pour Hestia, Jane ou Alec! Wink
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 12:09

Je suis absolument ravi que ma fiche te fasse autant d'effet Razz
Et je vais de suite gérer mon personnage.

Merci pour la validation, Edward ! (OMG, j'ai un pseudo orange *____*)
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 12:22

Bienvenue a toi Marcus Smile
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 12:24

Merci, Rose Smile
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 12:37

Désoler pour le retard mais , ta dam !
Bienvenue cheers
Amuse toi bien ici ^^
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeSam 11 Sep - 12:40

Oh non, ne t'en fais pas, Kate, tu n'es pas en retard le moins du monde Razz

Merci de ton accueil !
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeDim 12 Sep - 1:22

Bienvenue, très en retard !
Très belle fiche Wink
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeDim 12 Sep - 4:13

Merci beaucoup, Marion Very Happy
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeDim 12 Sep - 6:35

Un nouveau repas,super

Bienvenue beau gosse Wink
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeDim 12 Sep - 6:43

God ! je suis répertorié repas potentiel dès mon arrivée...

Merci de ton accueil, la belle Razz
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeDim 12 Sep - 8:46

Bienvenue What a Face
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MessageSujet: Re: Marcus Volturi   Marcus Volturi Icon_minitimeDim 12 Sep - 9:05

Merci !
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